Parlez ATV
Faut-il préférer l’usage de la langue de Molière à celle de Shakespeare, bien que l’anglais soit la norme internationale ? Quels sont les termes clés à connaître pour comprendre la mission ? Décryptage.
Le langage commun des équipes ATV est constitué de nombreux anglicismes et d’expressions qui n’ont un sens que pour les scientifiques avertis. A travers cet article, nous allons tenter de définir ces termes en prenant appui sur l’arrêté du 20 février 1995 relatif à la terminologie des sciences et techniques spatiales publié au Journal Officiel le 29 mars de la même année. Nous allons décliner une à une les phases de la mission ATV et clarifier le vocabulaire associé.
Le vol libre

La première étape des opérations est, bien entendu, le lancement. Jusque là, pas de problème d’ordre linguistique. Vient ensuite l’injection, caractérisée notamment par un point d’injection, à savoir un point dans l’espace où Ariane 5 libère l’ATV en lui communiquant une vitesse suffisante pour décrire l’orbite visée.
A l’issue de l’injection débute la LEOP (Launch and Early Orbit Phase). L'ATV-CC «réveille» le véhicule et en prend le contrôle après sa séparation d'avec Ariane. Il surveille la mise en route des équipements et notamment le déploiement des panneaux solaires.
La LEOP dure quelques heures puis les manoeuvres de phasage (phasing en anglais) commencent. Elles permettent de mettre l'ATV sur une orbite qui l'ammenera en quelques jours au voisinage de la station. Au cours de cette phase, les équipements de l’ATV nécessaires au rendez-vous sont préparés et vérifiés.
Entre le début du phasage et l’amarrage à la station, l’ATV (Automated Transfer Vehicle) peut gagner une orbite de parking, c’est à dire une orbite sur laquelle il est placé temporairement en attendant une prochaine opportunité d'amarrage.
Arrivé à quelques dizaines de kilomètres de la station, les opérations de rendez-vous sont enclenchées. L'ATV s'approche progressivement de la Station par une série de maneuvres, jusqu'au contact qui déclenche automatiquement la séquence d'amarrage.
Amarrage ou arrimage ?
La traduction française de docking est «amarrage». Cette étape correspond à rendre mécaniquement solidaire des engins spatiaux, à l’issue de la phase de vol libre. A ne pas confondre avec «l’arrimage», qui désigne la fixation d'une chargé utile à l'intérieur ou à l'extérieur d'un véhicule spatial.
Au cours de cette phase, l’ATV mène des opérations de reboost, c’est à dire de rehaussement d’orbite. L’ISS se trouve actuellement sur une orbite assez basse (à un peu plus de 350 kilomètres de la Terre) du fait des frottements dans la couche de l’atmosphère. Une des missions de l’ATV est donc de remonter la Station Spatiale Internationale, pour atteindre les 400 kilomètres. C’est un véhicule de support propulsif. Il va donc manoeuvrer la station, mais aussi corriger et contrôler son altitude et son orbite lorsque d’autres véhicules vont s’amarrer à la station.
Les opérations de transfert de cargo sont menées pendant cette même phase attachée. Les différents équipements embarqués à bord du cargo (matériel pour subvenir aux besoins de l’équipage, pièces de rechange pour la station, équipements scientifiques...) sont transférés dans l’ISS. De plus, un transfert d’ergol, c’est à dire de carburant, est effectué.
Au bout de plusieurs mois commence le retrait, dit désamarrage (undocking). Les déchets de la station sont chargés à bord, les différents sas sont fermés et après vérification de l’étanchéité, l’ATV est désorbité puis rentre dans l’atmosphère, au-dessus du Pacifique sud.
Les opérations sont menées en liaison permanent entre trois centres de contrôle : l'ATV-CC situé au CNES à Toulouse, le Mission Control Centre à Houston (MCC-H) qui est le centre de contrôle ISS de la NASA et enfin le Mission Control Centre de Moscou (MCC-M), également connu sous l'acronyme TSUP.